Ce qui devait être une démonstration de renouveau s’est transformé en débâcle retentissante. Le match amical entre le Sénégal et le Soudan, tenu vendredi au stade Abdoulaye-Wade, a exposé au grand jour les failles criantes de l’organisation de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF). Du désordre en billetterie à une gestion chaotique des accréditations, en passant par un traitement méprisant réservé à la presse, rien ne semblait maîtrisé.
Dès la veille du match, les premiers signes de désorganisation étaient visibles. Des centaines de supporters, billets introuvables en main, se sont heurtés à un stade loin d’être rempli. La billetterie, monopolisée par le marché noir, a privé de nombreux fans de l’expérience tant attendue, pendant que les revendeurs imposaient leur loi dans une confusion totale.
À l’intérieur du stade, le constat était tout aussi alarmant. Loges VIP envahies par des inconnus munis de badges douteux, parkings saturés, et une commission d’organisation dirigée par des novices, selon les témoignages. « Ils ne savaient même pas où se trouvaient les espaces réservés », rapporte un observateur agacé.
La presse, habituellement partenaire incontournable des grands événements sportifs, a cette fois été tenue à l’écart. Les zones habituellement réservées aux journalistes ont été envahies par des influenceurs, gratifiés de badges “digitale” qui leur ouvraient tous les accès. « On m’a refusé l’entrée à la zone mixte alors que les tiktokeurs s’y pavanent », s’indigne un journaliste sportif. Pire encore, la dernière séance d’entraînement, annoncée ouverte à la presse, a été fermée sans explication – sauf pour les influenceurs, auxquels un appui financier aurait même été promis pour le déplacement en RDC.
Face à cette série d’incidents, la FSF a tenté de réagir. Dans un communiqué publié dimanche, elle a présenté « ses sincères excuses » pour les multiples dysfonctionnements, tout en justifiant les ratés par « le court laps de temps entre la passation de service le 2 septembre et le match du 5 septembre ». Une explication qui peine à convaincre, tant les erreurs semblent structurelles.
Derrière ces dysfonctionnements, des tensions politiques minent la Fédération. Abdoulaye Sow, pourtant écarté de la vice-présidence, continue d’exercer une influence considérable. Présent dans toutes les étapes du déplacement à Kinshasa, il symbolise une FSF toujours engluée dans ses luttes internes. La délégation sénégalaise, forte d’une soixantaine de personnes, a même dû être recadrée par l’État, qui a imposé la présence d’un responsable financier et de représentants du ministère des Sports.
À quelques mois de la CAN, cette désorganisation inquiète. La crédibilité de la Fédération est sérieusement entamée, et la promesse d’une expérience irréprochable faite par la nouvelle équipe dirigeante sonne creux. Le football sénégalais, pourtant riche de talents et d’espoirs, mérite mieux que ce spectacle affligeant. Une question demeure : qui tient vraiment les rênes à la FSF ?
