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Boubacar Gadiaga, coach Touarga : « Ce que doivent faire nos clubs pour gagner en Afrique»


Rédigé le Jeudi 9 Juin 2022 à 13:56 | Lu 62 fois | 0 commentaire(s)



Ancien entraîneur de l'institut Diambars de Saly. Papa Boubacar Gadiago fourbit ses armes dans le royaume Chérifien, à l'Union Touarga Sport de Rabat. Dans cette interview exclusive accordée à RECORD l'ancien adjoint d'Alain Giresse sur le banc des Lions (2013-2015) s'est prononcé sur divers sujets, notamment la montée de son équipe en Botola 1 marocain, le football sénégalais et Diambars.
Coach, votre équipe vient d'accéder en Botola 1. Quelles sont vos impressions?
Je dis Alhamdoulilah, je pense que sans l'aide de Dieu on ne peut rien réussir. La deuxième chose, c'est que j'ai la chance de tomber dans un club structuré et troisièmement, j'ai un groupe réceptif et travail leur. Ce sont ces trois ingrédients qui ont fait qu'on a réussi cette montée qui n'a pas été facile.
Après une seule saison, vous faites monter Touarga. Quel a été votre secret ?
C'est d'abord l'organisation. Il fallait s'adapter et Je pense que je me suis adapté au football marocain et aux joueurs marocains, parce qu'ils sont différents des joueurs sénégalais. Evidemment, j'ai apporté ma touche personnelle, il fallait tirer tout le monde vers le haut, avec un très bon staff qu'on a mis à ma disposition. Cela a été très bien fait. Mais on a travaillé plus sur la performance de nos joueurs. J'ai fait confiance à mes joueurs pour qu'on ait des relations très rapprochées, au lieu de mettre la pression comme c'est le cas ici au Maroc. Beaucoup de gens mettent de la pression sur les joueurs et les entraineurs. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur la confiance entre joueurs et staff. Et cela nous a vraiment réussi.
Pouvez-vous nous faire le bilan de votre saison avec Touarga?
On a fait 30 matches de championnat, nous avons gagné 17 fois, concédé 8 nuls et essuyé 5 défaites. On a été la meilleure équipe à l'extérieur durant la saison. Nous avons produit du jeu, on a mis de la pression, on faisait tout le temps des pressings lors des matches. Ça c'est notre force, mais malheureusement, on ne sait pas reculer quand on mène au score, on continue à attaquer et à mettre la pression. Ça nous a souri plus à l'extérieur que chez nous. A domicile, les équipes viennent nous attendre, elles sont bien regroupées, elles nous prennent en contre et ont souvent des situations de marquer ou de revenir à la marque. C'est pourquoi on a concédé des nuls à domicile. Je pense que dans la durée et la constance, on a réussi quand même. On a gagné beaucoup de matches, on a perdu très peu et on a assuré la montée à 2 journées de la fin du championnat. Ça veut dire que ce qu'on a mis en place a bien fonctionné.
Vous allez évoluer la prochaine saison en Botola 1, quels sont les nouveaux défis que vous allez vous lancer?
Cela dépendra des dirigeants. Je pense qu'aujourd'hui la réflexion n'est pas encore officialisée, mais on va aller en Botola 1 avec des ambitions mesurées, c'est-à-dire qu'il y a des grandes équipes, il faut se maintenir c'est l'essentiel. Le maintien sera une obligation et puis s'installer dans la durée dans une deuxième étape. L'étape suivante sera de grappiller des places honorables pour aller chercher des places africaines. Tout ça se fera étape par étape. On a du pain sur la planche, donc il faudra bien préparer la saison à venir qui sera très difficile pour nous, mais pas impossible.
Comment trouvez-vous l'organisation du football marocain ?
C'est très bien fait, le timing est respecté, les terrains sont de très bonne qualité. Il y a du monde dans les stades, même en Botola 2. Quand on a ouvert les matches, je ne croyais pas voir autant de monde dans les stades. C'était impressionnant l'engouement, c'était énorme. C'est encore mieux en première division. On a fait un match contre Tétouan, une équipe qui est déjà montée, mais c'était énorme dans un stade de 15.000 places, c'était plein. Vraiment c'est bon à voir. Les terrains sont très corrects, contrairement au Sénégal qui doit progresser sur le plan des infrastructures. Mais au-delà de tout, je vois que le football marocain est très bien organisé.
Le Sénégal doit-il s'inspirer du système marocain ?
Au Maroc, il y a l'aide de l'Etat. Les clubs sont aidés par l'Etat et les sponsors qui gravitent autour. Mais sincèrement, le football sénégalais est en train de grandir par rapport aux résultats, parce qu'on est champion d'Afrique. Mais on doit gagner en qualité des terrains, en qualité de jeu, à garder nos joueurs et ne pas alimenter les championnats africains. Il faut que nos bons joueurs restent au Sénégal avec de bons salaires. C'est ce qui va faire que les clubs sénégalais vont gagner des trophées en Afrique. Je pense que depuis quelques années, le Sénégal est le pays africain qui expatrie le plus de joueurs. Ça veut dire quelque part que le joueur sénégalais travaille, il a de la qualité. Je me rappelle quand j'étais à Marseille, à l'époque j'avais 18 ans, l'OM voulait Cheikh Seck (ancien international sénégalais et du Jaraaf). Il devait signer à I'OM, puis être prêté dans un club de Ligue 2 française, mais Cheikh Seck avait refusé pour rester au Sénégal. À l'époque à Marseille il y avait Pape Fall, Abdoulaye Diallo et d'autres joueurs. Cheikh Seck avait refusé I'OM parce qu'il avait son bonheur au Sénégal, il était bien payé. Quand on voit la CAN 1986, il y avait beaucoup de joueurs locaux, même s'il y avait des expatriés. Maintenant, il faut qu'on aille vers ça, que les joueurs sénégalais gagnent bien leur vie au Sénégal comme c'est le cas au Maroc ou les joueurs ne sortent pas. Quand ils sortent, c'est parce qu'ils ont quelque chose de meilleur. Il faut aussi aller chercher des sponsors. L'Etat doit mettre encore plus d'argent pour que les joueurs puissent bien gagner leur vie. C'est difficile de voir un joueur qui évolue au Sénégal avoir une retraite paisible.
De loin est-ce vous suivez la Ligue 1 sénégalaise ?
Je suis tout le temps, je suis Diambars. À chaque fois j'appelle les jeunes, tous ceux qui jouent dans l'équipe ont grandi sous mon aile, je les encourage. Aujourd'hui, ce qui me plaît, c'est que les stades sont remplis, c'est très bien pour les joueurs, pour les transcender encore plus. Malheureusement, les terrains sont catastrophiques. On ne peut pas espérer mieux dans le jeu à cause de l'état des terrains. Je pense que si les terrains sont améliorés, le spectacle peut en bénéficier et les sponsors seront là. Aujourd'hui, le seul terrain que j'apprécie quand je regarde les matches, c'est celui de Génération Foot, ça donne moins de traumatismes articulaires. Tout le monde devrait s'en inspirer, mais ce n'est pas facile, puisque c'est de l'argent, mais dans le long terme, on gagne en qualité de jeu, la santé des joueurs et plein de choses. Je pense que chaque ville doit avoir son terrain en herbe et en synthétique et ça doit être un programme. Le terrain synthétique c'est bien, parce que tout le monde peut y passer, mais il est très vite affecté et c'est très difficile de jouer comme on le souhaite.
Comment trouvez-vous actuellement l'équipe de Diambars ?
Diambars c'est mon club 1 de cœur. Aujourd'hui, ils sont sauvés, ils se sont maintenus. Ils sont en demi-finales de la Coupe du Sénégal junior et c'est exceptionnel. Je pense c'est la deuxième fois qu'on arrive à ce niveau et il faut aller vers la finale. La Coupe du Sénégal junior est l'équivalent de la Coupe Gambardela en France, moi, je l'ai connue. C'est le résultat de la formation et Diambars doit être là. Cette année, ils sont là avec un groupe assez jeune, parce que les juniors jouent tout le temps avec l'équipe senior et c'est bien. Ils sont en demi-finales et ils peuvent gagner avec une équipe aguerrie. Je pense qu'ils seront en finale et la remporteront. Je vois bien une belle finale Diambars Génération Foot, synonyme d'une finale académique. Ça va être une belle finale, ça va honorer la formation.
Source : RECORD



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